Nana la mouche d’or – 31-05-2024

Carole Guittat - Nana la mouche d'or - Photo Philippe Barraillav

Écriture et jeu : Carole Guittat

Photos Philippe Barrailla et Patrice Vatan

Nana la mouche d'or

Impressions Philippe Barrailla
 
En sortie de résidence au Garage Théâtre, Carole Guittat, comédienne, metteure en scène et directrice artistique de la compagnie « les Six Doigts de la Main » jouait hier soir, seule sur scène, une de ses créations, inspirée par Nana, le roman d’Emile Zola.
Lorsqu’un dénommé Léon Fouchery, journaliste au Figaro dans les années 1860, intitule son article « la Mouche d’Or », il évoque avec cruauté ces courtisanes de basse extraction devenues des prostituées de luxe qui évoluent dans les sphères aristocratiques du Second Empire : brillantes comme l’or, elles porteraient sur elles les traces de leur vile condition et contamineraient leurs multiples amants. Classe dont Anna Coupeau, alias Nana, est l’archétype selon Émile Zola,
Carole Guittat, véritable actrice-caméléon, change plusieurs fois et radicalement d’apparence au cours de la pièce, illustrant les multiples facettes de son personnage ; cette femme arriviste met son instinct de survie au-dessus de ses scrupules et de sa recherche du bonheur. Femme ambiguë, amoureuse de l’argent et n’hésitant pas à humilier ses amants fortunés, elle n’inspire pas trop la sympathie, mais sa lutte acharnée pour garder la tête hors de l’eau a quelque chose d’émouvant.
La mise en scène alterne des passages du roman de Zola, enregistrés en voix off, et des scènes du quotidien de cette semi-mondaine qui tient un salon très fréquenté, surtout par la gent masculine. Comme une marionnette manipulée par son créateur, auquel elle s’adresse parfois directement, elle semble se débattre avec le destin compliqué qu’il lui a assigné malgré elle.
Très belle performance de Carole Guittat, qui s’adresse à son public comme aux personnages invisibles auxquels elle parle, si bien qu’on se sent un peu impliqué dans les méandres de sa vie tumultueuse.