Moman 10 fois

Pièce de Jean-Claude Grumberg,
Acteurs : Clothilde Mollet et Hervé Pierre
Mise en espace : Nomémie Pierre
Lumière et son : Nieves Salzmann

Impressions : Philippe Barailla
Photos : Philippe Barailla et JYL.

Clothilde Mollet - Moman 10fois
Hervé Pierre - Moman 10 fois
Clothilde Mollet et Hervé Pierre - Moman 10fois

Moman 10 fois

La scène est découpée en secteurs par de longs rideaux de papier blanc tombant du plafond, cloisons verticales évoquant les murs d’un mini-labyrinthe. L’ombre des objets et des acteurs, tantôt portée, tantôt chinoise, s’anime au fil des allées et venues des personnages, augmente leur présence, acteurs surnuméraires qui ont leur importance.
La pièce s’adresse aux petits, aux moyens et aux grands. De huit à quatre-vingt huit ans et même plus, chacun pourra apprécier l’humour, omniprésent, et écouter avec émotion les échanges lancinants d’un petit garçon (joué par Clotilde Mollet) qui pose mille questions à sa mère (jouée par Hervé Pierre). Ça commence toujours par « Môman… » L’enfant fait l’expérience de tout ce qui fera sa vie future, la faim, la peur, la douleur, la tristesse, l’absence, l’ennui ; il découvre toutes ces sensations et demande des réponses, des explications, des apaisements. Sa mère, avec tendresse, fait tout ce qu’elle peut pour le rassurer, mais elle-même est fragile, on comprend que ses propres questionnements n’ont pas toujours trouvé de réponse.
L’auteur adopte un style très particulier : ses personnages s’expriment avec simplicité et maladresse ; leur langage n’est phonétiquement pas très au point. Inspiré du parler enfantin, il donne aux échanges un ton amusant et naïf, d’autant que mère et fils parlent de la même façon, avec leur propre lexique, imparfait mais rigoureusement respecté du début à la fin.
Les acteurs sont magnifiques, dignes et tragiques dans leurs incertitudes et leur douce détresse, et qui malgré tout prêtent à rire à chaque coin de phrase. Hervé Pierre en maman poule rassurante et barbue, avec un semblant de robe pour un peu de vraisemblance, et Clotilde Mollet en gamin curieux et inquiet qui s’adresse à sa mère comme à son unique référent, composent un duo réjouissant.
Beaux acteurs, beaux décors, beau texte, que demander de plus ? Môman, on revient bientôt au Garage Théâtre ?