Je n'ai plus rien à dire
Impressions Philippe Barailla
Par leur propre voix, ou par celle d’écrivains, poètes et humoristes soigneusement choisis, les quatre intervenantes contredisaient hier soir au Garage Théâtre le titre de leur spectacle.
Encadrées par Aude Rouanet et Stéphanie Delachaume ainsi que par Lou et Jean-Paul Wenzel, les patientes du Centre médico-psychologique de la Charité-sur-Loire ont joué et dansé avec talent sur leur histoire, leur vécu souvent compliqué, les réminiscences d’un passé douloureux.
Après deux années d’atelier, à raison d’un jour par semaine, les quatre apprenties-actrices ont acquis une assurance et un naturel étonnants ; elles ont su exprimer, par la voix et par le corps, leur douleur, leur courage, leurs émotions, non sans de fréquentes pointes d’humour absurde. Dans la salle bondée, le public, conquis, les a gratifiées d’applaudissements chaleureux.
Bravo à elles, à leur entourage du CMP et du Garage Théâtre pour ce beau travail.
Impressions Patrice Vatan
Psycho Garage Théâtre
Cosne étant une grande famille vivant sous le toit commun d’une petite ville, la majorité des comédiennes d’exception qui ont eu hier soir au Garage Théâtre beaucoup à dire nous était familière de vue.
Un point commun, insolite, les réunissait à l’affiche de ce spectacle dont le titre contredit leur engagement : Je n’ai plus rien à dire.
Ce sont six patients du CMP de Cosne.
Ils ont franchi le cap de la timidité, du quant-à-soi pour oser répondre à l’appel de Lou et Jean-Paul Wenzel il y a un an. Pourquoi ne pas mettre en mots, traduire sur scène, les souffrances, le mal être qui est leur lot commun au CMP ?
Guidés par la psychologue Aude Rouanet et l’infirmière Stéphanie Delachaume – qui se sont prêtées au jeu de la scène – dans le cadre d’un partenariat entre l’Agence régionale de santé (ARS), la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et le centre hospitalier Pierre-Lôo, ils se sont faits acteurs de théâtre tous les jeudis, à raison de 2 h 30.
Un a-priori nous avait amené à envisager cette soirée comme du théâtre brut, comme existe l’art brut tel qu’on le crée directement de l’inconscient, sans le filtre du beau, du convenable.
Nous dûmes remballer bien vite nos fantasmes : ce fut bel et bien du vrai théâtre, fort de textes d’auteurs confirmés mêlés aux créations personnelles issues des tripes de gens qui les ont balancées devant nous comme ils le font au CMP.
Une authenticité qui fit fondre en larmes certains sur les gradins. Ajoutée à cela une scénographie remarquable sans accroc ni temps mort.
Au moment des discours et des petits fours, la conviction d’avoir assisté à l’émergence d’entre les quatre patientes du CMP finalement sur scène, d’une actrice-née, ne nous quitta pas.