Amort[T]

Amor[T] - Le Garage Théâtre
Ecriture et mise en scène : Lou Wenzel
Comédiens-danseurs : Orin Camus, Chloé Hernandez, Juliette Bolzer, Sébastien Amblard et Lou Wenzel
Création musicale et sonore : François Caffenne

Création lumière : Sylvie Debare

Impressions : Philippe Barrailla et Patrice Vatan.
Photos : Philippe Barailla, Patrice Vatan et JYL.
Captation : JYL.

Amor[T]

Muse en scène…
La première représentation d’AMOR[T],
un tout nouveau spectacle en cours de création, était donnée hier soir sur la scène du Garage-Théâtre à Cosne, devant une salle comble.
Lou Wenzel a d’abord expliqué la longue maturation de ce projet mi-théâtre mi-danse qui lui trottait dans la tête depuis des années, et qui s’est enfin concrétisé avec la collaboration des danseurs de la compagnie Yma, déjà vus deux fois sur la scène ligérienne à l’occasion de festivals d’été. Après seulement quinze jours de répétition, le spectacle est déjà très abouti, bien que ce ne soit qu’une première esquisse.
Le seul personnage réel (joué par Lou Wenzel), ne dit mot mais s’exprime par l’entremise d’une voix off qui décrit précisément tous ses états d’âme. Il faut ajouter que la voix off en question est incarnée, bien présente sur scène et parle au micro juste devant les spectateurs.
Ce curieux dédoublement du personnage, cette distance obligée entre le corps et l’esprit, est le fil rouge de toute la pièce. Le texte récité, puis les figures chorégraphiques sensuelles et tourmentées qui s’exécutent devant l’actrice, semblent sortir tout droit de son cerveau, exprimant ses espoirs, ses fantasmes, ses craintes. Anonyme et muette, elle ne vit que de quelques gestes angoissés et laisse aux danseurs le soin de « parler » à sa place.
L’amour est le grand sujet, la recherche vitale, le graal qui occupe à temps plein le corps et l’esprit. Toute une histoire se déroule devant nos yeux, de la partie de cache-cache des débuts au déchirement final, inéluctable, là où tout bascule y compris les éléments du décor, en passant par le fugace et fragile accomplissement auquel on fait semblant de croire.
Belle prestation en devenir, qui a encore trois mois pour atteindre le stade imago et ensuite s’envoler pour d’autres scènes, avec de beaux atouts : originalité, poésie, talent, pour ne citer que les plus évidents.
 
Philippe Barrailla
Elle rêvasse sur un lit, allume la radio, bonjour il est 19 h 30 sur Radio Passion, aujourd’hui un sondage sur ce que représente l’amour pour vous, quelques mots qui entrent en collision avec ses préoccupations intimes, ses obsessions.
Lou Wenzel a tiré de ses tripes la chorégraphie qu’elle a écrite et mise en scène, Amor[T], qui condense en six lettres une dualité antagoniste qui l’écartèle depuis toujours, la fonde en somme.
Ce combat intime, les danseurs de la Compagnie Yma (déjà vue aux deux derniers festival d’été au Garage Théâtre), le matérialisaient hier soir dans le cadre d’une sortie de résidence qui avait ameuté le ban et l’arrière-ban de ce que le territoire des deux côtés de la Loire compte d’amateur de danse contemporaine.
Mais résumer ainsi, en « danse contemporaine », la recherche entreprise par Lou – sa quête plutôt – sur comment inscrire le corps dans l’espace serait réducteur.
Non, il y a autre chose à l’œuvre ici.
 
Patrice Vatan