Nagasaki – 18-07-2021

Nina Cruveiller, Natalie Akoun, Laurent Valero

Mise en scène et interprétation : Olivier Cruveiller
Avec :
Nina Cruveiller, Natalie Akoun, Laurent Valero (violon, bandonéon) et Barthélémy Fortier, assistant à la mise en scène et régisseur.

Texte et photos Patrice Vatan.

Nagasaki

Sortie de résidence pour le comédien et metteur en scène Olivier Cruveiller et sa petite troupe, autour d’une histoire montrant un homme qui remarque un beau jour qu’il manque quelques décilitres de son jus d’orange dans la brique, et puis qu’une casserole est déplacée chez lui.

L’homme installe une webcam dans sa cuisine et depuis son bureau à la météorologie de Nagasaki – ici cette écriture du quotidien acquiert son épaisseur – il se rend à l’évidence : quelqu’un squatte chez lui, une femme !

La suite ressort d’un fait divers survenu au Japon, suffisamment riche pour intéresser l’écrivain Eric Faye qui l’a densifié, développé assez pour obtenir avec ce qui devint « Nagasaki » le Grand Prix de l’Académie française en 2010.

A la vaste scène tendue de noir, au dépouillement wenzélien, s’accorde une mise en scène à laquelle une identique sobriété donne sa force.
Olivier Cruveiller offre quarante ans de métier à Monsieur Shimura, modeste employé qui voit surgir dans une fenêtre de son ordinateur espion la femme-intruse, la femme dont sans doute la vie hors écran, réelle, l’a privé.

Nathalie Akoun et Nina Cruveiller incarnent tour à tour et simultanément à la fois cette femme, artifice que l’adaptation rend évident.
Semblable effet au décalage subtil lorsque la commissaire de police livre à Monsieur Shimura les conclusions de l’enquête déclenchée par sa plainte : elle continue de parler, mais tout bas, pour elle-même, au moment où Monsieur Shimura se lève, s’adresse à la salle pour regrette finalement sa plainte.

Ce qui ne fut qu' »une ébauche, un avant-goût de la pièce qui sera montée l’année prochaine » selon le metteur en scène, s’avéra une heure dix d’évasion hors les murs, vers un Nagasaki à la symbolique insoutenable, que la tondeuse du voisin d’en face renvoyait au quotidien le plus immédiat. Celui qui sous-tend Nagasaki, la pièce.
À Cosne il y a toujours une tondeuse quelque part.